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Les principes de la prise en charge

Les principes généraux

LES OBJECTIFS

L'OMS a fixé plusieurs objectifs au traitement de la douleur :

  • Obtenir une sédation de la douleur sur tout le nycthémère (le jour et la nuit)
  • La morphine doit être le traitement de choix de la douleur sévère
  • De traiter tôt, à horaires fixes et à posologie adaptée


La douleur doit être replacer dans son contexte global. Le traitement de sa cause, chaque fois que cela est techniquement possible,doit être systématiquement rechercher.

EN FRANCE, LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ

Dans le fascicule spécial N° 86-32 bis, « Soulager la  souffrance », du bulletin officiel du Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville, les principes suivants sont définis :

  • Avant d'envisager toute forme de traitement, un bilan sérieux doit donc être effectué, et dans la mesure du possible, des traitements étiologiques doivent être proposés.
  • Il faut chercher à prévenir la douleur plutôt qu'à calmer les symptômes une fois qu'ils se manifestent. Pour y arriver, il faut administrer, régulièrement des doses optimales d'un antalgique approprié, sans attendre que le malade ne le demande. Cette attitude, qui atténue la crainte du malade devant la survenue d'une nouvelle crise, permet souvent de diminuer à terme la dose d'antalgique nécessaire.
  • Il faut traiter le malade en préservant une lucidité suffisante pour qu'il puisse communiquer avec ses proches, et qu'il reste aussi autonome que possible.
  • Il faut traiter également les autres symptômes (nausées, vomissements incontinence, constipation, diarrhée, faiblesse, insomnie, dyspnée...) et en particulier les facteurs psychologiques susceptibles d'aggraver la douleur,  anxiété, dépression, fatigue.
  • Il ne faut jamais utiliser de procédés qui risqueraient d'altérer la confiance du malade en son équipe soignante.

Les objectifs du traitement antalgique

  • Une douleur de fond absente ou d’intensité faible
  • Le respect du sommeil habituel du patient
  • Moins de 4 accès douloureux par jour
  • Une efficacité des traitements prévus pour les accès douloureux supérieure à 50 %
  • Des activités habituelles possibles ou peu limitées par la douleur
  • Des effets indésirables des traitements mineurs ou absents.

Les 3 paliers de l’OMS du traitement de la douleur

Le schéma de traitement de l'OMS s'applique à tous les malades présentant une douleur par excès de nociception qui sont dans l'attente ou en cours d'un traitement curatif. Les douleurs de désafférentation sont exclues de ce schéma thérapeutique, car elles ne répondent pas aux trois antalgiques de base.
Les trois antalgiques de base 
sont l'aspirine, la codéine et la morphine, chefs de file des trois principales catégories d'antalgiques. Leur prescription et leur posologie est fonction de l'intensité de la douleur et de son évolution dans le temps.
Les co-analgésiques sont des médicaments appelés adjuvants qui n’ont pas pour fonction première l’antalgie, mais qui vont potentialiser les médicaments antalgiques.
Les trois paliers ou escalier thérapeutique est une stratégie thérapeutique en paliers, qui comporte trois niveaux auxquels correspond une catégorie d’antalgiques

 

Paliers

Traitements

Palier I

Antalgiques non opioïdes

  • Paracétamol - AINS – Acide acétylsalicylique
  • Néfopam (Acupan™) : non opioïde (palier I), mais puissance antalgique d’un palier II

Palier II

Opioïdes faibles

  • Codéine associée au paracétamol : Efferalgan-Codéine®, Co-Doliprane®, Dafalgan-codéine®, Klipal®
  • Dihydrocodéine : Dicodin®
  • Tramadol : Topalgic®, Contramal®, Zamudol®, Zumalgic®, Takadol®, Monotramal®, Monoalgic®, Monocrixo®
  • Opium : Lamaline®
  • Associations paracétamol-tramadol : Ixprim®, Zaldiar®

Palier III

Opioïdes forts

  • Opioïdes forts agonistes purs : morphine, oxycodone, fentanyl, hydromorphone, sufentanil

 

EN PRATIQUE…

L'intensité de la douleur
Elle va guider le niveau de la prescription. Habituellement, la morphine et les médicaments de la même famille ne sont pas donnés en première intention. Cependant, si la douleur est intense d’emblée, il est licite de proposer un antalgique de niveau III.  Dans les autres cas, le médecin suivra la stratégie médicamenteuse définie par l'OMS en 1984.

  • Douleurs d’intensité faible (0 à 4 sur une EVA) : médicaments non opioïdes, comme le paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
  • Douleurs d’intensité modérée (4 à 7 sur une EVA) : opioïdes  faibles ou mineurs, comme la codéine administrée seule ou en association avec un antalgique de niveau 1, la poudre et l'extrait d’opium ou le tramadol
  • Douleurs d’intensité forte (7 à 10 sur une EVA) : opioïdes  forts ou majeurs, comme la morphine, la buprémorphine, l’hydromorphone, le fentanyl ou la méthadone.
     

Le changement de niveau
La stratégie thérapeutique consiste à ne pas remplacer par un autre médicament de la même classe, un antalgique qui cesse d'être efficace, mais à prescrire un médicament plus actif de niveau supérieur.
Ainsi, s'il n'est pas logique d'associer un antalgique de niveau I insuffisamment actif à un autre produit de même niveau, il est, en revanche, licite d'associer un médicament d'action périphérique de niveau I, voire de niveau II à un antalgique d'action centrale de niveau III.

Le passage d'un niveau à l'autre doit être rapide, l'association d'un analgésique périphérique et d'un analgésique central est licite.

Règles générales de prescription des antalgiques selon l'OMS

  • Privilégier la voie orale
  • Administrer les antalgiques de manière préventive et à des doses suffisantes sans attendre la réapparition de la douleur horaires réguliers en fonction de la durée d’action du médicament
  • Réévaluer la douleur et réadapter le traitement si besoin dans les heures et jours suivants
  • Respecter les paliers de l’échelle OMS (on peut utiliser le palier III d’emblée en cas de douleur intense)
  • Individualiser le traitement et prescrire des interdoses pour des accès douloureux paroxystiques, prévisibles ou non

Antalgique ou analgésique ?

  • Antalgique « qui peut atténuer la douleur » Geste thérapeutique susceptible de réduire une sensation désagréable
  • Analgésique " qui produit de l’analgésie, qui rend insensible à la douleur » Préexistence de la douleur pas nécessairement impliquée

 

Les différents traitements contre la douleur

LEUR TYPOLOGIE

On distingue les traitements curatifs que ce soit la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie ou l’hormonothérapie, visant à guérir la maladie qui vont entraîner par leur application une diminution de la douleur et les traitements symptomatiques.
Les traitements symptomatiques sont mis en œuvre en même temps que le traitement de la maladie proprement dite. On distingue plusieurs types de douleurs :

  • Les douleurs entraînées par une hyperstimulation des récepteurs de la douleur (nocicepteurs) pour lesquelles les analgésiques périphériques et centraux seront utilisés selon les recommandations de l'OMS qui définit 3 paliers dans la gradation thérapeutique.
  • Les douleurs par désafférentation en relation avec des nerfs qui ont pu être coupés par le traitement curatif et qui répondent mieux à d’autres types de médicaments comme les psychotropes ou certains antiépileptiques ou à la stimulation électrique externe transcutanée.
     

LES CAS PARTICULIERS

Lorsque les analgésiques centraux (niveau III) ont épuisé leurs effets, d’autres approches sont envisageables. En cas de douleur diffuse, l'administration de morphine par une autre voie peut être efficace que ce soit par voie sous-cutanée, péridurale, intrathécale ou intra-ventriculaire. En cas de douleur localisée, d’autres méthodes peuvent être envisagées comme les blocs de  neurolyse, les techniques percutanées d'interruption des voies de la nociception.

Mise à jour

16 décembre 2023